Voici quelques écrits ou paroles d’artistes contemporains dont la peinture ou la réflexion m’a séduit et intéressé :
Gerhard RICHTER : « Commencer à partir de rien, c’est comme cela, c’est une sorte de rituel qui se déroule selon un ordre qui lui est propre, le mélange des couleurs, la recherche des teintes appropriées, l’odeur, toutes ces choses qui nourrissent l’illusion que cela aboutira à un tableau merveilleux. Puis arrive ce moment d’échec, où je constate que ça ne marche tout simplement pas. (…) Demain j’essaierai de nouveau. [1] »
Neo RAUCH : « J’espère que la plupart des tableaux que j’ai peints parlent du bonheur de créer que ressent le peintre, […] j’éprouve un bonheur suprême car je me sens en mesure de gérer toutes ces choses, au moins pour moi, sur ces quelques centimètres carrés de toile que j’ai tendus devant moi – et ce moment-là est véritablement une promesse de bonheur [2]. »
Peter DOIG : « Je pense que la façon dont les tableaux adviennent découle plus d’une tentative de représenter non une réalité, mais quelque chose à mi-chemin entre une réalité et ce que j’ai en tête. Je force souvent les couleurs pour traduire une impression, une disposition d’esprit ou l’expérience du lieu, mais la démarche n’a rien de scientifique. Je pense que les tableaux renvoient toujours à une réalité connue de chacun de nous. Nous avons tous regardé d’incroyables couchers de soleil. Nous avons tous observé la façon dont la lumière, en se posant sur des objets, produit d’étranges effets, et je pense en un sens que j’utilise ces phénomènes naturels et que je les amplifie par la matérialité de la peinture et l’acte de peindre.[3] »
Philip GUSTON : « La peinture n’est pas sur la surface du tableau, elle est dans l’imaginaire.[4] » Regarder un tableau, c’est construire un récit de peinture ; à la fois, plastique et narratif. Au sens plastique, c’est d’abord constater ou relater la manière dont le tableau a été réalisé, et cela repose sur la réalité de la matière picturale que l’œil retranscrit en mots. C’est le récit de l’acte. Mais, il y a aussi la fiction que le réel pictural suscite, c’est-à-dire, sa part de rêve et d’imaginaire.
[1] Gerhard Richter / Panorama, catalogue d’exposition, Centre Pompidou, Paris, 2012, p.16.
[2] SPIES Werner (dir.), Neo Rauch, Catalogue d’exposition Musée Frieder Burda, éditions Hatje Cantz, 2011, p.35.
[3] GRENIER Catherine, SEARL Adian, SCOTT Kitty, Peter Doig, Phaidon, 2007 p.110
[4] Philip Guston, peintures 1947-1979, Catalogue d’exposition, 13 septembre – 4 décembre 2000, Centre Pompidou, Paris, 2000, p. 40.
© 2013 raphaël ferrato